Camille Chamoux

« Un juré, c’est juste un super-spectateur. »

Scénariste, actrice, show woman, Camille Chamoux a tous les talents, notamment
celui de nous faire (beaucoup) rire. Pour le Champs-Elysées Film Festival,
elle a mis la casquette de jurée de la compétition longs-métrages.
Et pour le coup, elle prend son rôle très au sérieux.

Par Caroline Veunac

Temps de lecture 10 min.

Camille Chamoux

Interview

On devait se parler sur Zoom. Mais Camille Chamoux est comme nous : née sous Giscard (le titre de son deuxième seule en scène), et donc jonglant avec les aléas de la quarantaine hyperactive, entre engagements professionnels, école à la maison, grands projets et petits bobos du quotidien. Elle vient de finir l’écriture du Processus de paix, une comédie « très réaliste » sur un couple explosif qui essaye de ne pas se séparer, dont Ilan Klipper (Le Ciel étoile au-dessus de ma tête) assurera la réalisation. En ce moment, elle planche sur une série en collaboration avec Patrick Cassir (Premières Vacances) et Olivier Joyard (J’ai deux Amours), crée un nouveau spectacle, se prépare pour la reprise des tournages en septembre… et siège au sein du jury longs-métrages du Champs-Elysées Festival. Quand on a finalement réussi à se retrouver devant nos écrans d’ordi, patatras… la connexion était lamentable. Alors Camille a proposé de répondre à notre petit questionnaire par mail. Parce qu’en plus d’être une guerrière des temps modernes, c’est aussi une chic fille.

Quel genre de jurée êtes-vous ? Sérieuse, stressée, sévère, passionnée, timide ?
Passionnée ! Un juré, c’est juste un super-spectateur… on regarde les films et on tente avant tout de reconnaître les qualités d’émotions que le film a produit sur nous, s’il éveille notre intérêt et nos sensations. La première étape de réception c’est donc beaucoup une affaire de goût ! Puis on analyse: la précision du regard cinématographique proposé, les réflexions qu’il inspire sur notre monde, le travail esthétique, technique… Mais le fondement c’est quand même : est-ce que ce film me bouleverse ? Est-ce que c’est un vrai coup de cœur ?

Vous prenez des notes devant les films ?
Non, après ! Pendant le visionnage c’est important de revenir au statut de spectateur. Comment recevez-vous ce film instinctivement, est ce qu’il vous éblouit, vous ennuie, vous déprime, vous fait rire ? Moi si je prends un stylo pour noter au fur et à mesure, c’est foutu, je bascule dans l’analyse immédiate… et je ne veux pas m’éloigner du premier contact avec l’œuvre.

Qu’attendez-vous des films du Champs-Elysées Film Festival ?
Qu’ils m’éveillent à des espace-temps inconnus. C’est le cas.

C’est pas trop compliqué d’être jurée d’un festival virtuel ? Comment communiquez-vous entre
membres du jury ?
En zoom… Et comme avec vous, il y a des hauts et des bas, des déconnexions et reconnexions ! Mais c’est assez rigolo, et surtout ça a le mérite d’avoir assuré une continuité… Les réunions sont parfois folkloriques : certains sont en voiture, la première fois moi j’ai été poursuivie par un chien pendant la réunion… Bref, c’est agité mais sympathique.

« L’Histoire sans fin. Ça a donné le « la » de ma vie en fait : la recherche infinie de la fiction! »

Dans la vie, vous aimez débattre sur les films, ça vous arrive de vous disputer avec quelqu’un en sortant du cinéma ?
Je ne me dispute plus pour des histoires de goût ! J’aime débattre, mais je ne veux plus m’énerver. Il faut respecter la subjectivité. Même s’il est évident que j’ai toujours raison.

 Et vous pleurez facilement au cinéma ?
Hyper facilement. Une cata.

Vous vous souvenez du premier film que vous avez vu enfant ?
L’Histoire sans fin. Ça a donné le « la » de ma vie en fait : la recherche infinie de la fiction!

À l’adolescence vous aviez un film culte ? Des posters de quels acteurs et actrices sur vos murs ?
Non, figurez-vous que j’allais très peu au cinéma ado. J’ai eu un gros éveil théâtral par mes parents, mais peu de cinoche. C’est venu à 17 ans, et là j’ai bouffé tout ce qui sortait, et les rétrospectives, et tout ce dont on me parlait pendant quelques années ! Je me souviens c’était le début des cartes illimitées, on pouvait enfin aller au cinéma très fréquemment et que ça reste accessible, et je me régalais ! Je me suis refait une culture.

En vrai, vous préférez le cinéma américain ou le cinéma français ?
En vrai, j’aime les bons films ! J’ai longtemps eu un goût prononcé pour le cinéma français, mais aujourd’hui je suis très éclectique.

Est-ce qu’il y a un genre ou un élément dans un film qui est totalement rédhibitoire pour vous ?
Oui : la vision limitée ou rétrograde des personnages féminins par exemple.

Et si vous pouviez vivre dans un film, vous choisiriez lequel ?
Ah ah ah ! Un jour j’avais emmené mon mec en Pologne en novembre, et on s’est retrouvé à Varsovie sur la grande avenue principale, sous la neige, il faisait la gueule, et je lui ai dit : « Regarde ! On a l’impression d’être dans Le Pianiste ! Ça a été tourné ici d’ailleurs ! » Il m’a répondu: « Mais personne n’a envie d’être dans le pianiste, Camille ! Le voir, c’est une chose, mais moi je veux vivre dans Les Bronzés (ndlr : son mec a l’air aussi drôle qu’elle), pas dans Le Pianiste ! ». Les films ne sont pas faits pour vivre dedans.

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